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Il était une fois...

À 15 ans, j’avais supplié ma mère de m’emmener à Paris, au Théâtre National de Chaillot, assister à l’intégrale du Soulier de Satin.
Je ne connaissais pas Claudel, pas plus que ça, je ne connaissais pas vraiment non plus les acteurs sur scène, je ne savais rien de Vitez, 
rien sinon que je devais me résoudre à cet appel. Ma mère comprit que ça n'avait rien d'un caprice, et quoique ne comprenant pas plus que moi le pourquoi, elle m'y accompagna : 


Captivée, éblouie, ensorcelée, je me souviens avoir regardé Robin Renucci, ce Camille si sombre et mélodieux, et m’être dit

« Quand je serai grande, je travaillerai avec lui : je comprends absolument tout ce qu'il dit »
Le langage avait pris corps, la compréhension aussi.

Dès lors, forte de cette évidence et de ce voeu secret, je poursuivis mes études (hypokhâgne à Fénélon) elles me poursuivirent aussi (la Sorbonne en dilettante) jusqu’à entrer au cours Simon. Quelques années à fourbir les armes et se faire des amis pour la vie, et me voilà comme une gourde, à ne pas avoir passé les concours des Écoles Nationales (sans prétendre que je les aurais eus, n'est-ce pas...) naïve à vouloir aller au turbin immédiatement. Sans avoir conscience qu’au-delà de se perfectionner encore et encore, il y aurait eu aussi là matière à tisser des liens professionnels solides. Pendant des années, je suis donc allée là où on m’appelait, sans penser mon parcours, sinon dans l’urgence et le plaisir... Vint alors un temps où je voulus retrouver ce bouleversement satiné, ce choc de la Langue si merveilleusement, magiquement habitée. Je m'envolai donc à l’ARIA, l’Association des Rencontres Internationales Artistiques, sur les terres de Robin.

De ce jour, accueillie, je suis restée auprès de lui : répétitrice et assistante, comédienne à ses côtés, désormais aux Tréteaux de France (où il me fit ce cadeau inestimable : mettre en scène mon talisman de toujours, ce joyau qui présida à mes désirs)
De ce jour, ce point d'ancrage au coeur, j’ai pu virevolter des scènes publiques aux théâtres privés, toujours avec un même bonheur.

À reconvoquer souvent ce fameux soir, ce soir de Dernière au Palais magique, où tous nous avions chanté Joyeux Anniversaire à Antoine Vitez après tant et tant de saluts,  et où d’autres, sur la scène et dans la salle, étaient là aussi... Ceux-là mêmes perdus, retrouvés, reconnus au gré des plateaux et de la vie. Ce 20 décembre 1987... "Quand nous serons grands"... 
 
"Elle trouvé son destin et son destin l'a trouvée ; Qui l'a une fois connue ne s'en sépare pas aisément,
Cette adjonction à notre voeu secret des ailes de la Destinée"

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